Le bail commercial : un équilibre entre protection et pièges
Un régime protecteur mais exigeant Le bail commercial est un pilier du droit économique belge. Il est souvent présenté comme entouré d’un régime protecteur du locataire, lui permettant notamment de renouveler son bail dans des conditions favorables afin d’assurer la continuité de son activité. En pratique, il s’agit pourtant d’un équilibre délicat, où bailleur et locataire doivent faire preuve d’une grande prudence. Le renouvellement : une faculté encadrée Lorsqu’un preneur introduit une demande de renouvellement du bail commercial, il peut proposer de nouvelles conditions de location, notamment une réduction du loyer. Cette faculté renforce sa position, mais elle s’accompagne d’un formalisme particulièrement strict, à l’égard duquel la moindre erreur peut avoir des conséquences importantes. L’article 14 de la loi du 30 avril 1951 prévoit, à la suite d’une demande de renouvellement, qu’ « à défaut de notification par le bailleur, suivant les mêmes voies et dans les trois mois, de son refus motivé (...), le bail sera présumé renouvelé aux conditions proposées. ». À première vue, la règle semble protéger le locataire. Pourtant, la jurisprudence et la doctrine précisent que, pour être valable et recevable, la demande de renouvellement doit indiquer expressément la voie par laquelle le bailleur peut y répondre : soit par exploit d’huissier, soit par lettre recommandée. Une exigence formelle à ne pas sous-estimer La simple mention « suivant les mêmes voies », souvent utilisée dans la pratique — et même indiquée par la loi — a été jugée insuffisante par la Cour de cassation dans son arrêt du 16 février 2018. Le non-respect de cette exigence entraîne la nullité de la demande, sans qu’il ne soit nécessaire pour le bailleur de démontrer un préjudice dans son chef. Une simple omission peut par conséquent priver le preneur de son droit au renouvellement. Inversement, si le bailleur ne réagit pas dans les délais légaux impartis, il s’expose à supporter un préjudice important, notamment en étant contraint de subir la reconduction du bail aux conditions du preneur. Conclusion : la rigueur comme règle d’or En matière de bail commercial, chaque mot compte ! Avant d’introduire ou de répondre à une demande de renouvellement, voire de conclure un bail commercial, il est vivement conseillé de se faire assister par un avocat. Un courrier mal rédigé peut suffire à transformer une protection en véritable piège.  
Novembre 2025
Le bail commercial : un équilibre entre protection et pièges
Arthur MARBEHANT